Livre Bienvenue en syntropie de Anaëlle Théry

Qu’est-ce que la syntropie ?

L’agriculture syntropique vise à régénérer les sols et augmenter très rapidement leur fertilité afin de favoriser la croissance des plantes pour produire en abondance. Elle peut autant se pratiquer dans un jardin privé que dans de grandes exploitations agricoles.

Même si c’est initialement un mouvement différent, elle s’intègre complètement dans la démarche de la permaculture.

Origines

La syntropie a initialement été développée au Brésil par le Suisse Ernst Götsch.

” Bienvenue en syntropie ! ” est le premier livre sur la syntropie adaptée aux climats tempérés. Merci à Anaëlle Théry pour ce précieux ouvrage et tout son travail d’adaptation des méthodes tropicales pour nos latitudes.

Une lecture riche et inspirante, tant sur le plan technique que philosophique.

Les principes de la syntropie

La stratification

La stratification, la dimension spatiale d’une plantation en syntropie, c’est le placement des plantes en fonction de leur besoin en lumière. Les plantes sont plantées les unes par rapport aux autres en fonction de l’exposition au soleil qui leur est le plus favorable.

La succession

C’est la dimension temporelle. Au fil des saisons et des années les plantes vont se succéder. Certaines vont se développer de plus en plus alors que d’autres vont disparaitre par manque de place ou de soleil. D’autre part certaines peuvent vivre plusieurs centaines d’années alors que d’autres ont un cycle de vie d’une année. Comme dans un écosystème naturel, les plantes pionnières et annuelles préparent le terrain pour que les suivantes puissent se développer, et cela jusqu’à atteindre le climax, le stade mature de la végétation qui correspond chez nous à une forêt. A ce niveau de développement, l’écosystème entre dans une certaine stabilité que l’on peut qualifier d’équilibre dynamique.

La perturbation

Autre principe de la syntropie, celui que je trouve le plus “révolutionnaire”, est la perturbation. Cela consiste à tailler régulièrement, mais pas n’importe comment, énormément de biomasse végétale afin de la redonner au sol. Outre le fait de ramener de la matière organique pour nourrir le sol, les plantes ainsi stimulées vont recevoir le message “Il faut que ça pousse” et envoyer ce même message autour d’elles via leurs racines. Tous l’écosystème est ainsi engagé à pousser toujours plus. Cela créer des cercles vertueux de croissance végétal jusqu’à atteindre ce que l’on appelle le saut du chat, le moment ou la végétation fait son grand bond de croissance.

Pour permettre cela les plantations syntropiques sont extrêmement denses et savamment calculées dans l’espace et dans le temps.

Un exemple : de grandes quantités de plants de consoudes et de mélisses sont plantés afin d’être taillés régulièrement et simplement déposés sur le sol. C’est une technique de compostage de surface que l’on appelle aussi le “chop and drop“. On pourra faire de même avec des plantes annuelles à croissance rapide comme les tournesols et les maïs ou avec des arbres et arbustes qui serviront de production de biomasse comme des sureaux, des peupliers ou des saules.

Les écosystèmes que permet de créer la méthodologie de la syntropie imitent en accéléré les processus naturels et permettent donc un véritable foisonnement de vie. Derrière cela il y a l’idée de capter un maximum de lumière solaire grâce à la photosynthèse et de profiter de cette énergie, la seule valeur ajoutée sur Terre, pour créer de la biomasse, de la “masse de vie” (plantes, animaux…). Aucun photon ne devrait toucher directement le sol.

Une plante de consoude dans un jardin
Une consoude, Symphytum officinale

Les intérêts de la syntropie

Les intérêts de la syntropie sont :

  • une croissance très rapide des végétaux
  • un sol très bien protégé et nourri, donc vivant
  • une autonomie en eau, plus besoin d’arroser
  • une autonomie en matière organique, plus besoin d’aller chercher du mulch ou du compost ailleurs
  • la création d’ilots de fraicheur
  • un important stockage de carbone
  • une production de nourriture, plantes médicinales, bois d’œuvre ou de chauffage, de fourrage pour des animaux… Toutes les ressources issues du végétal sont possibles.
  • etc

Elle peut s’appliquer à des productions annuelles type potagers ou à des production pérenne comme des arbres fruitiers.

Points communs et différences entre permaculture et syntropie

Même si ces deux mouvements vont tout les deux dans le sens d’accompagner le vivant et de créer de l’abondance, il existe des différences notables.

La permaculture est une approche holistique qui va bien au-delà du jardinage et de l’agriculture. Voir cet article sur les bases fondamentales de la permaculture. Alors que la syntropie, même si sa démarche philosophique va bien au delà du végétal, se concentre sur la culture de plantes, à l’échelle d’un jardin ou de parcelles agricoles. Sur cette notion d’échelle, la permaculture et la syntropie se rejoignent, les deux sont applicables dans un jardin privées comme dans de grand systèmes agricoles.

Autre point commun, la syntropie et la permaculture peuvent toutes deux s’appliquer à des cultures annuelles, type légumes, ou à des cultures pérennes, type arbres.

Dans un système syntropique, toutes les végétaux sont plantés et semés en même temps ou en tout cas dans la même saison. Dans un système permacole, un jardin-forêt par exemple, il est courant d’ajouter de nouvelles plantes au fur et à mesure des années.

La notion de strate, qui permet d’associer les plantes entre elles, diffère entre un jardin-forêt et un système syntropique. Dans un jardin-forêt on parle généralement de 7 strates qui correspondent à des hauteurs de végétations (herbacées, arbustes, arbres…). Alors qu’en syntropie on parle de 4 strates qui sont fonction du besoin en soleil des plantes. Un thym sera donc en strate herbacée pour la permaculture car il est reste petit, mais en strate haute pour la syntropie car il a besoin de beaucoup de soleil.

Malgré, ou plutôt grâce, à leurs différences, je trouve ces deux approches très complémentaires.

Ma conclusion

La syntropie est une une approche qui me parle beaucoup. Sans l’appliquer dans sa globalité parce qu’elle ne convient pas à ma manière de concevoir des jardins, les principes de la syntropie m’inspirent profondément dans mon travail avec la permaculture pour créer des jardins toujours plus vivants, abondants, pratiques et résilients. Loin de s’opposer à la permaculture, malgré des différences fondamentales, elle vient enrichir ma réflexion permacole pour aménager des jardins et, au-delà de ça, nourrir mes questionnements philosophiques et spirituelles sur la nature et la vie.

Pour aller plus loin

Une vidéo de l’ArchiPelle dans laquelle Anaëlle Théry parle de la syntropie dans son jardin

Le site de d’Anaëlle Théry : https://joala.fr

Commander le livre Bienvenue en syntropie ! sur la boutique de Terre Vivante

Le documentaire Life in Syntropy (15 minutes) : https://www.youtube.com/watch?v=gSPNRu4ZPvE

Si vous êtes en Suisse, en particulier dans le canton de Vaud ou du Valais, je vous propose de :